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Amour grandissant entre Droit des Affaires et Finance

Un marché porteur et des rémunérations en hausse pour les juristes attirés par la finance.

Traditionnellement, deux voies s’offrent au jeune diplômé en droit attiré par la finance. La première : entrer dans le département juridique d’une institution financière, où il veillera à ce que celle-ci opère conformément à la loi, ait des contrats inattaquables et évite les contentieux. La deuxième : entrer dans un cabinet de droit des affaires, où il aura pour clients de grandes sociétés et institutions financières dans un domaine spécifique (droit boursier, fiscalité, fusions & acquisitions, droit social…).
Depuis quelques années, il existe une troisième voie : devenir compliance officer (responsable conformité et contrôle interne). La fonction consiste à s’assurer que l’établissement opère conformément aux lois, règlements et codes de déontologie en vigueur. Elle recouvre de multiples activités : formation des collaborateurs aux nouvelles réglementations, surveillance des opérations passées en salle de marché, conseil sur la réglementation applicable dans le cadre d’opérations ou de conflits, intervention auprès du régulateur en cas d’enquête, participation à des consultations dans le cadre de projets de réglementation européens, etc.
Tendances
Droit des affaires
Le marché est actuellement très porteur pour les jeunes diplômés.
Pourquoi ? « Parce que l’activité des cabinets d’affaires est soutenue et parce que l’allongement de la durée des études à l’EFB (École de formation du barreau) de douze à dix-huit mois a retardé l’arrivée de la promotion 2006 dans les cabinets », explique Nicolas Laurent, avocat associé au cabinet Bredin Prat.
Pour les avocats ayant entre trois et cinq ans d’expérience, le marché est également bien orienté. Cependant, « le net accroissement des candidatures aux postes traitant purement du contentieux peut faire craindre un rétrécissement du marché », souligne Nicolas Laurent. Par ailleurs, depuis quelques années, la tendance est à la spécialisation car il faut répondre à des demandes toujours plus pointues de la part des clients.
Compliance
En Europe continentale, la fonction de compliance officer s’est développée avec beaucoup de retard par rapport aux pays anglo-saxons. Le marché est désormais mature car la réglementation va, sous peu, obliger les établissements à s’assurer les services de ces professionnels de l’éthique. « Les banques ont anticipé les réglementations Bâle II, qui s’appliquent à partir du 1er janvier 2008, en embauchant de nombreux compliance officers en 2005 et 2006, explique Martin Dixon, directeur au sein du cabinet de recrutement Hays. Aujourd’hui on voit arriver des candidats forts de deux à trois ans d’expérience, qui ne se sentent pas suffisamment valorisés à leurs postes actuels. » Du coup, le marché est un peu moins porteur pour les jeunes diplômés.

Principaux acteurs

Parmi les grands cabinets de droit des affaires représentés à Paris, citons Darrois Villier Maillot Brochier, Gide Loyrette Nouel, Cleary Gottlieb Steen & Hamilton, Linklaters, Allen & Overy, Freshfields Bruckhaus Deringer, Clifford Chance, Bredin Prat et De Pardieu Brocas Maffei.
Carrières
Les grands cabinets sont un passage obligé pour les avocats fraîchement diplômés. Si vous êtes titulaire d’un troisième cycle mais que vous n’avez pas encore le CAPA (certificat d’aptitude à la profession d’avocat), un poste en cabinet risque d’être difficile à décrocher.
Du côté des compliance officer, les missions sont variées mais la tendance, comme pour les avocats d’affaires, est à la spécialisation. Certains choisissent la lutte contre le blanchiment d’argent ou l’activité de contrôle et de veille.

Salaires

Les avocats d’affaires gagnent beaucoup plus que les autres et les salaires des débutants ont connu une hausse notable. Les rémunérations varient selon la structure et, en France, restent inférieures à celles pratiquées dans les pays anglo-saxons. « L’écart a même tendance à se creuser, car la hausse des salaires s’est accélérée à Londres », note Martin Dixon. Les débutants peuvent espérer gagner entre 35 et 55k€ dans un cabinet français, entre 45 et 70k€ dans un cabinet anglo-saxon (hors bonus). Si vous travaillez dans un cabinet qui salarie ses avocats, vous toucherez moins. En compliance, vous serez mieux payé que dans les fonctions financières et juridiques classiques. « Un compliance officer ayant deux ans d’expérience peut prétendre à un minimum de 50k€. Avec quatre ou cinq ans d’expérience, cela grimpe jusqu’à 80k€. C’est-à-dire des rémunérations supérieures à celles des personnes déjà en poste », précise Martin Dixon.
(plus d'infos dans Le Guide des Carrières en Finance, version PDF (p37), en ligne sur l'Espace Jeunes Diplômés)

Compétences

Avocats d’affaires
Les cabinets demandent fréquemment une double, voire une triple formation : des études de droit, un diplôme d’école de commerce plus un LL.M (magister legum, troisième cycle de droit), si possible d’une université anglo-saxonne. Il est indispensable de maîtriser l’anglais et de posséder d’excellentes connaissances juridiques et financières. « Idéalement, il faut avoir une formation universitaire juridique sanctionnée par des mentions chaque année et complétée par des stages fréquents en cabinets, être passé par une école de commerce et avoir fait des études ou des stages dans des pays où la langue de travail est l’anglais », décrit Nicolas Laurent. Les avocats d’affaires sont amenés à travailler avec des interlocuteurs haut placés. Mieux vaut donc avoir des qualités relationnelles… et une bonne endurance, car la pression est forte et les journées sont longues.

Compliance officer
Pour cette fonction complexe requérant des connaissances transversales, les entreprises cherchent avant tout des profils expérimentés. « Nombre de compliance officers sont d’anciens juristes, auditeurs, experts-comptables ou consultants », constate Martin Dixon. « De nombreux candidats ont une expérience préalable en contrôle interne ou en audit externe, ajoute Karine Favreau, consultante au cabinet de recrutement Kenseo. Mais la fonction est accessible à certains autodidactes qui ont construit leur carrière dans différents domaines de la banque. L’essentiel est de posséder des compétences transversales : contrôle, comptabilité, services juridiques, marchés… »

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