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Nourou-Dine SAKA SALEY interpelle Mr Boni Yayi, Président en exercice de l'UA sur la crise sénégalaise


A travers une interpellation reprise dans sa substance et publiée par le magazine panafricain Jeune Afrique dans sa parution N° 2666 du 12 au 18 février 2012, Page 88, j'adresse ce cri de détresse citoyen au nouveau Président en exercice de l'Union Africaine, afin qu'il résonne comme un avertissement subliminal à l'endroit de tous les dirigeants africains hantés par des envies de tripatouillage opportunistes de nos lois fondamentales.


« Crise politique au Sénégal :
Cri de détresse citoyen à Mr Thomas Boni YAYI, Président en exercice de l’Union Africaine.
»

La providence a fait de vous Mr Thomas Boni YAYI, en cette année cruciale d’élections et de suites électorales sur notre continent africain, le Président en exercice de ce « joyau » qu’est l’Union Africaine, voulue dans son principe par ses précurseurs tels Kwamé N’Krumah.

Je commencerai donc par sacrifier avec toutes les déférence et fierté de compatriote, aux félicitations et aux encouragements de rigueur, puissent-ils vous accompagner tout le long de cette haute, noble et exaltante mission annuelle.

La providence, disais-je, a porté son choix sur vous et je voudrais l’emprunter pour la justification de faire de vous le destinataire de mon cri de détresse citoyen, face à la situation politique sénégalaise, qui à la lumière des cas Nigérien, et plus récemment arabes, méritent l’application de l’adage allemand « Sicher ist sicher » (« Deux précautions valent mieux qu’une »).

Pourquoi ce choix porté sur vous, Mr le Président en exercice de l’Union Africaine ?

L’évidente réponse est que vous faites partie de cette génération de dirigeants quinquagénaires, très en vogue dans les grandes démocraties, et que vous avez été (peut-être heureux bénéficiaire d’une non modification de notre loi fondamentale en 2005) :
- élu Président de la République en 2006 dans notre pays le Bénin, à 75% des voix au second tour, alors qu’étant à votre première expérience électorale,
- « réélu » de manière inédite en 2011 à la même fonction, au premier tour du scrutin avec 54% des voix, ouvrant curieusement le bal au phénomène du 1er tour à la présidentielle (avec diverses fortunes certes) au Nigéria, au Cameroun et plus récemment en République démocratique du Congo.

Aux temps forts de la malheureuse crise humanitaro-politique dans la nation sœur ivoirienne, vous aviez été désigné au sein du panel de Chefs d’Etats dans la recherche de solutions concertées et pacifiques à cette tragédie. La médiation fut certes infructueuse quant à la résorption de la crise, mais tout de même menée.

Au-delà, votre intérêt marqué pour la jeunesse et le transit politique générationnel, en sus de votre attachement clamé et répété aux valeurs démocratiques, renforcent d’autant plus la justesse de ce choix, que vous offre la noble tribune de l’Union Africaine dont vous présidez aux destinées pour une année.

Qu’attendons-nous de vous Mr le Président en exercice de l’Union Africaine ?

La jeunesse citoyenne, future dirigeante de nos nations, attentive et désireuse d’hériter de pratiques et d’éthiques démocratiques saines, souhaite faire de vous son porte-parole auprès de votre ainé et homologue en exercice au Sénégal, afin de rappeler à son bon souvenir, dans le strict respect de nos valeurs culturelles d’aînesse et de courtoisie, et dans le but de faire perdre à l’Union Africaine son sobriquet peu honorable de « Syndicat amorphe de Présidents » :

1. Que la limitation constitutionnelle des mandats, s’entend dans le texte, mais aussi dans l’esprit, comme une garantie du transit générationnel et du renouvellement des classes politiques, imposant automatiquement dans un but d'alternance physique ou idéologique, la limitation à deux mandats quelles qu'en seront les durées (septennats, quinquennats, biennats...), sans qu’aucune manipulation constitutionnelle ne puisse porter atteinte à ce principe inné et sacrosaint d’alternance.

2. Qu’aucune limitation constitutionnelle ou humaine n’imposait à cet autre homme de droit, Mr Nelson Mandela, icône de l’engagement et du martyr politiques, le retrait volontaire de la vie politique en 1999, à l’âge de 81 ans, après son seul et unique mandat présidentiel, alors que tout dans son profil humain et politique faisait, et fait toujours de lui le dirigeant rééligible à volonté, non seulement dans sa nation sud-africaine, mais peut être dans tout pays de notre continent, et même de notre monde démocratique.

3. Que la jeunesse africaine, ne souhaite plus revivre l’exemple de ce dirigeant nigérien, qui à coups d’entourloupes, y compris juridiques, avait réussi à prolonger son bail présidentiel, invitant malgré elle, la grande muette au débat politique, expérience militaire ayant heureusement laissé place à des élections et un climat politiques apaisés.

4. Que la jeunesse africaine, ne peut plus se permettre le luxe de subir l’exil et la perte physique des bras valides, par des affrontements fratricides comme ceux observés en Côte d’Ivoire, en Egypte, en Tunisie, en Lybie et déjà au Sénégal.

5. Que l’Afrique ne peut continuer de détenir le record des clients de la Cour Pénale Internationale, notamment à la suite de chaque crise électorale.

6. Que la longévité politique était le principal grief ayant entrainé en 2011, les différentes contestations populaires avec pour berceau, celles de notre cher continent.

7. Que la transmission générationnelle d’idéologie et du pouvoir politiques ne peut s’entendre et s’assimiler, à la seule transmission par filiation.

Nelson MANDELA en 1999, John Jerry RAWLINGS en 2001, Olusegun OBASANJO en 1979 et en 2007, Joaquim Alberto CHISSANO en 2005, Pedro PIRES en 2011, Rupiah BANDA en 2011, Mathieu KEREKOU en 1991 et en 2006, Alpha Oumar KONARE en 2002, et Amadou Toumani TOURE en 1992 et bientôt en 2012, n’ont nullement utilisé la passerelle de la longévité au pouvoir, pour mériter leurs statuts et références en matière d’alternance politique paisible.

Notre rêve, Mr le Président en exercice de l’Union Africaine, est celui d’une jeunesse désireuse d’hériter d’une Afrique unifiée, pacifiée, tournée vers le développement, et non d’une Afrique en perpétuelle lutte contre la néo-colonisation interne menée par les dirigeants politiques contre leurs propres peuples.

Paris, le 02 février 2012.

Nourou-Dine SAKA SALEY,
Consultant juridique et financier.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

bien dire et beau parlé,il ne peux rien en 1an,donc il faut revoir les textes et les critères pour la nomination du président de l'ua.pour moi il ne faut pas choisir entre les présidents en exercice,surtout entre les anciens présidents ou tous ceux qui ont pu respecté la constitution dans leur pays ou oeuvrer à la bonne marche des institutions de leur pays et surtout doit être un patriote.un président permanent au siège de l'ua durant tout son mandat