Morgan Stanley envisage une fusion avec Wachovia
Face à la chute de 50 % de son cours, Morgan Stanley envisage une alliance avec Wachovia et un renforcement de China Investment Corporation (CIC) dans son capital.
La consolidation défensive s'accélère dans le secteur bancaire américain. Face à la crise de confiance provoquée par la chute de Lehman Brothers et le sauvetage « in extremis » de l'assureur AIG, Morgan Stanley a entamé des discussions avec Wachovia, la quatrième banque commerciale américaine, en vue d'une fusion. Mais ce n'est qu'une option, car elle tente aussi de convaincre son actionnaire chinois (à 9,9 %), China Investment Corp. (CIC), de se renforcer dans son capital. Selon le « New York Times », Morgan Stanley aurait pris langue avec Wachovia après que le patron de Citigroup, Vikram Pandit, a décliné ses avances en début de semaine.
Mais les analystes restent partagés sur la logique d'une fusion avec une banque commerciale déjà très affaiblie par la crise du marché hypothécaire. « Nos meilleures équipes sont concentrés sur la recherche de solutions », a reconnu hier un porte-parole de Morgan Stanley. Le cours de la banque d'investissement a chuté hier matin de 10 %, après un plongeon de 42 % depuis la chute de Lehman. C'est le numéro un de Wachovia, Robert Steel, qui aurait pris l'initiative de contacter le patron de Morgan Stanley, John Mack, en vue d'un rapprochement.
Un modèle condamné
Même si la banque d'investissement est affaiblie par la chute de son cours, sa capitalisation boursière (24 milliards de dollars) reste supérieure à celle de Wachovia (19 milliards de dollars). Après la reprise de Merrill Lynch par Bank of America en début de semaine, une fusion Morgan Stanley-Wachovia laisserait désormais à Goldman Sachs le statut de dernière banque d'investissement américaine indépendante. Mais il semble que John Mack envisage encore plusieurs options en cherchant à convaincre le fonds chinois CIC de monter dans son capital. Le Government Singapore Investment Corp., numéro deux mondial des fonds souverains, et HSBC sont également considérés comme des renforts potentiels.
Si elle se concrétise, la fusion Morgan Stanley-Wachovia confirmerait la thèse de l'économiste Nouriel Roubini, selon lequel le modèle des « interdealer-brokers » (courtiers négociateurs) serait condamné et les banques d'investissements n'auraient d'autre alternative que de s'adosser à des banques commerciales (voir-ci dessous). Une étude d'UBS a tenté hier de voler à leur secours en insistant sur leur solidité en termes de liquidités. Mais, comme pour Lehman Brothers, la menace d'une dégradation de sa note financière par les agences de notation pourrait encourager Morgan Stanley à franchir le pas.
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